Si l’Allemagne est considérée comme un modèle en matière de construction passive, celle-ci se développe peu à peu en France. Le salon Énergie habitat de Colmar consacrera un large espace à ce mode de construction, avec une quarantaine de professionnels certifiés. Visite chez un dentiste et un particulier qui ont choisi de construire en habitat passif.
Nicolas Kempf a choisi de construire une maison passive dans l’idée d’utiliser le moins d’énergie possible. Murs épais, grandes baies au sud, brise-soleil font partie des éléments essentiels. Photos L’Alsace - Fr. M.Lorsque j’ai dû construire un nouveau cabinet, le passif s’est très vite imposé à moi, certes parce que je fais attention à l’environnement, mais surtout pour une question de qualité de vie. Chaque jour j’étais épuisé après avoir passé une journée en conserve dans la salle de soins climatisée, je ne souhaitais pas continuer ainsi. » C’est ainsi que ce dentiste des environs de Colmar explique ce qui l’a conduit à réaliser le premier cabinet dentaire passif de France, qui a ouvert en janvier dernier.
Celui-ci fera d’ailleurs l’objet d’une visite pour les professionnels à l’occasion du 38e salon Énergie habitat de Colmar. Le salon a choisi en effet cette année de mettre l’accent sur la construction - et la rénovation - passive (notre édition du 25 février).
Il a étudié la chose avec Maisons Prestige, constructeur de Horbourg-Wihr spécialisé dans la maison passive. « Cela me faisait un surcoût d‘environ 10 % par rapport à une construction classique, mais le confort de vie m’a vraiment intéressé. D’autant plus que dans un cabinet dentaire, on a une pollution interne due aux bactéries, aux poussières des amalgames. Ici, la ventilation double flux, en plus de chauffer, filtre l’air vicié dans les deux sens. On ne reçoit pas la pollution de l’extérieur et on n’a plus celle de l’intérieur. »
« Je voulais vraiment une maison qui ne consomme pas d’énergie »
Ce confort de vie, Nicolas Kempf et Aurélie Conrad le constatent depuis novembre 2015 dans la maison qu’ils ont construite à Vœgtlinshoffen. « Moi qui en général étais malade chaque hiver, là je n’ai plus rien, constate Nicolas Kempf. Et le confort thermique est vraiment appréciable ; à température égale, on n’a pas ces sensations de froid que l’on a dans les constructions classiques. »
20° sans le moindre chauffage
Mais ce qui a guidé le couple dans le choix du passif était « une sensibilité écolo mais pragmatique. Pour moi, la meilleure énergie est celle qu’on ne consomme pas. Or, quand on disait aux constructeurs qu’on voulait une maison qui n’ait pas besoin de chauffage, ils nous répondaient que c’était impossible. Ils nous proposaient de produire notre propre énergie par panneaux solaires, mais ce n’est pas dans ma philosophie. Je voulais vraiment une maison qui ne consomme pas d’énergie. D’autant plus que le prix de celle-ci va augmenter. »
Les recherches du couple les ont donc menés eux aussi à Maisons Prestige. « Il leur a fallu jongler avec un plan d’occupation des sols compliqué, avec des contraintes des Bâtiments de France ; mais au final on a 180 m² au sol et notre facture d’énergie a chuté par rapport à notre appartement de 80 m² chauffé au gaz. »
Les deux constructions respectent les mêmes bases : des murs de 40 ou 53 cm, des baies au sud qui apportent la chaleur du soleil en hiver et qui sont équipées de brise-soleil pour la bloquer en été, une VMC double flux avec récupération de chaleur qui permet de renouveler l’air pour compenser l’étanchéité du bâtiment, et, pour le cabinet, un puits canadien en plus.
Chacun a aussi une batterie de chauffe, sorte de mini-chauffage d’appoint qui ne s’allume que lorsque c’est vraiment nécessaire.
Le jour de notre visite, il faisait ainsi 10 °C dehors, sans soleil, et chez les Kempf - Conrad il faisait 20 °C sans le moindre chauffage.
Cela fait une dizaine d’années que Maisons Prestige s’est spécialisé dans la performance énergétique puis la maison passive. « On sent un réel intérêt des gens, constate son directeur Thierry Loechleiter. Certes, il y a un surcoût de 10 à 15 % au départ du fait des fenêtres, de l’isolation, de la ventilation, mais c’est amorti en quinze ans puisqu’on n’utilise pas de chauffage. »
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